Poème
Si je suis né au mois de mai...
Si je suis né au mois de mai,
C'est pour chanter à l'étourdie.
Vivent la rose et le muguet !
Mes complaintes mêmes sourient.
Ma mère avait l'âme fleurie
Comme une branche de lilas.
Vive l'aube, vive la vie !
Le pain noir luisait sous ses doigts.
Mon père, tous les samedis,
M'achetait de belles images.
Fables, où sont vos paradis ?
Vivent Marie et les Rois mages !
La Dyle, comme un coutelas,
Se courbait au fond du jardin.
Que dites-vous de ce nom-là ?
Vive une eau qui coule si bien !
Vivent les jours, vive ma sœur !
Sa poupée s'appelait Solange.
Elle jouait avec les anges;
Le pré fleurissait de douceur.
Et vive la rue des Fontaines
Où le linge était bleu et blanc
Comme les drapeaux du printemps !
On y essorait toute peine.
L'école, aux rumeurs de la ville,
Nous faisait longuement rêver
Près d'un grand héron empaillé.
Vive, au soir, la lampe tranquille !
Wavre s'ouvrait comme une rose
A l'orée de mon cœur mouillé.
Que vivent tant de douces choses
Ne cesse de m'émerveiller.
(Maurice Carême, Brabant, 1967
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